La mort et les enfants : avec des MOTS… simplement !

Entre 3 et 6 ans, votre enfant abordera le sujet de la mort.

Ils constateront d’abord par eux-même que certains insectes et petits animaux ont des périodes de vie beaucoup plus courtes. Ils croiseront un pigeon qui a rencontré une voiture et qui gît sur le sol, un oisillon tombé du nid qui n’a pas survécu.

De plus, une fois qu’ils ont assimilé de quoi été construit une famille, et qu’ils se rendent compte qu’il manque des personnes,  alors ils demandent  : « Mais  Maman, où est ton Papa à toi ? « .

Puis, pour les plus chanceux d’entre nous, qui ont eu la chance d’avoir leur grand-mère à leur côté tardivement (c’est le cas de mon iJules)… Alors elle disparaîtra lorsque votre enfant sera jeune, très jeune.

Manouche avait 3 ans et demi. Elle la connaissait bien. Elle s’en souvient encore. Le jour de sa disparition, j’étais avec les enfants (Manouche 3 ans et demi et Lonie 6 mois). Calmement, je suis allée prendre une photo de cette grand-mère et j’ai pris Manouche sur mes genoux.

Suite à son hospitalisation courant décembre, Manouche ne l’avait pas vu depuis plus de 4 mois. Alors, je lui ai montré sa photo et lui ai demandé si elle se souvenait de cette personne. Elle m’a regardé, un peu étonnée et m’a répondu  » Ben oui, c’est M… ».  Je lui  ai répondu « oui » et lui ai dit que « M » était morte. Elle est partie pour toujours, et que moi, j’aimais à penser que les gens qui nous quitte monte au ciel. Hé oui chez nous, c’est le ciel. Mais il vous suffit juste d’expliquer ceux à quoi vous croyez (au ciel, à l’autre monde, ou autre…) en leur expliquant bien,  que ce voyage est… sans retour.

Manouche n’est pas venue aux obsèques. Trop tôt… Et de plus, c’était son arrière grand-mère…

Malheureusement, la mort a frappé beaucoup plus durement notre famille. Mon frère est décédé, du jour au lendemain.

Manouche a malheureusement assisté à l’annonce  qui m’a été faite par téléphone. J’ai perdu pieds. J’ai hurlé. Je n’ai pas pu la protéger.

Notre vie a basculé en une fraction de seconde. J’ai passé 15 jours à m’occuper de ma mère, des obsèques, et à me nourrir des amis de mon frère disparu. Je  voyais beaucoup moins les filles. iJules a pris le relais…

Manouche a demandé tout de suite de quoi « Tonton » était parti. Nous n’avions pas de réponse… Ils nous fallait attendre le retour de l’autopsie. Et finalement, ce manque d’information était très compliqué. Plus nous sommes perdus en tant qu’adulte, plus les enfants ont peur et ne comprennent pas.

Dès que nous avons pu, nous lui avons expliqué avec des mots à hauteur d’enfant. Des mots qui voulait dire quelques choses pour elle, car « hémorragie cérébrale » était une notion clinique bien trop compliquée.

J’ai passé 15 jours totalement brisée… A ne pas savoir comment j’allais me reconstruire, comment j’allais réparer « le moule » fraternel, qui venait d’être fracasser.

La maîtresse de Manouche, que nous avions bien sûr mise au courant, m’a alerté en me disant que ce n’était pas la grande forme pour notre louloute… Qu’elle avait beaucoup d’absence… Qu’elle était triste et que bien sûr, cela ne lui ressemblait pas.

Alors, je me suis ressaisis. J’ai rassemblé les pièces de mon puzzle éclaté et je me suis dit : les filles sont là et je dois aller mieux,  le plus vite possible,  pour elles.

Manouche parle souvent de « Tonton »… Elle m’a redemandé comment il était mort. Alors, même si parfois, ces questions m’agacent ou m’attristent… je réponds.  Je prends toujours un temps de réflexion pour peser les bons mots et je lui réponds. Pas de tabou, pas d’ambiguïté. Des mots clairs, simples et compréhensibles.

Et puis 2 ans plus tard, nous avons aussi parler avec Lonie… Ne pas l’exclure…. Partager avec elle… Ne pas l’exclure parce qu’elle était petite. L’entendre sur ce qu’elle sait aujourd’hui. Ce que cela représente ( « c’est le Papa de Gabriel (son cousin) qui est mort », voilà ce qu’elle dit !). Et l’autre jour, Lonie nous a demandé si elle pourrait s’envoler pour aller voir Tonton Titi ? Gloups…. Alors, nous avons dû répondre calmement… Expliquer que nous ne pouvions pas le voir comme avant… Mais que nous aimions à penser qu’il veille sur nous.

Aborder la mort avec les enfants, c’est difficile, mais parler, dire, exprimer me paraît essentiel… Des mots d’enfants à hauteur d’enfant. Toujours à hauteur d’enfant… Mes surtout des MOTS, pour ne pas en créer d’autres…